CECI n'est pas EXECUTE 10 décembre 1861

Année 1861 |

10 décembre 1861

Jean François Cloppet à Alfred de Falloux

Paris, 10 décembre 1861

Monsieur le comte, je viens vous remercier des deux volumes1 que vous avez eu l'extrême bonté de m'envoyer. Ils sont pour moi bien précieux tout autant que les premiers puisque leur contenu sont presque de mon temps. Ils me sont aussi d'un bien grand secours contre l'ennui car depuis un mois je suis presque prisonnier et puis il me rappelleront le temps que j'ai passé là heureux et que je n'ai pas su apprécié assez tôt à sa juste valeur. Je vous en suis bien reconnaissant, Monsieur le comte, vous êtes vraiment trop bon pour moi, vous me gâtez aussi je vous prie de croire que je vous en serai reconnaissant toute ma vie.

Vous avez probablement lu deux articles de Monsieur Sainte-Beuve2 sur le Constitutionnel du 25 novembre et du 2 décembre qui critique notre sainte madame de Swetchine et sur son ouvrage. Son premier article est passable mais le second est d'un bien mauvais goût car il nous a fait des sorties qui ne sont pas dignes de comparaison à notre sainte quoique le mot lui déplaise. A voir sa mauvaise humeur on serait tenté de croire que madame de Swetchine l'aurait contrarié dans le cours de sa noble vie et si elle existait encore elle rirait bien de sa critique et elle aurait encore un bon mot spirituel à lui répondre point on pourrait bien lui renvoyer sa phrase pour mettre en tête de son article où il dit Assez, assez. c'est le cas de dire qu'il veut trop prouver ne prouve rien et qu'il a été bien mal inspiré. Il ne doit pas être content de lui-même car j'aime à croire qu'il n'a pas lu les quatre volumes entièrement.

J'espère et désire que votre santé soit bonne et que votre petit incident de Royat n'a pas eu de suite. J’ai appris avec bien de la peine la mort du vénérable Père Lacordaire. Quelle perte pour la religion et pour son ordre, vous avez dû en être bien affecté. Veuillez, Monsieur le comte avoir la bonté de présenter mon bien vif respect à Madame la comtesse et à Mademoiselle Loyde. Je pense que Monsieur le Comte de Bertou est avec vous, je vous prie de me rappeler à son bon souvenir. Mes compliments à Monsieur Girot et Madame Marquet et à Monsieur et Madame Joseph.

Recevez, Monsieur le comte, l'assurance de mon sentiment le plus dévoué et suis votre bien respectueux serviteur.

Cloppet

 

1Il s’agit de la correspondance de Madame Swetchine que Falloux venait de publier.

2Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869), poète, romancier et critique littéraire. Auteur prolifique, célèbre pour ses Causeries du Lundi et ses Nouveaux Lundis, véritable monument de critique littéraire, familier du salon de la princesse Mathilde, membre de l'Académie Ils(aepuis 1844, il y était le chef du parti gouvernemental et anticlérical.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 décembre 1861», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1861,mis à jour le : 22/10/2023