CECI n'est pas EXECUTE 3 janvier 1886

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3 janvier 1886

François Lagrange à Alfred de Falloux

Paris 3 janvier 1886.

Cher et vénéré Monsieur le comte,

Je suis confus d'avoir tardé de quelques jours à vous présenter des hommages qui auraient dû voler d'abord vers vous et des vœux qui en effet on devancé auprès de Dieu tous les autres.
Je vous écris au jour anniversaire de la naissance du cher évêque1 dont le souvenir et le vôtre sont pour moi inséparables.

Je viens de parcourir la vie de Mgr Pie et je dis que si j'avais besoin d'être justifié contre leurs attaques je le serai par ce livre ; car il n'y a pas une seule des accusations qu’ils ont élevées contre moi que nous ne puissions, sans être des Magnard, retourner contre leur héros et son histrion.
Si j'ai été panégyriste, je maintiens qu'il l'est plus encore. Quelques exemples: Monseigneur Pie séminariste demande à la Sainte Vierge que si elle ne veut pas le guérir entièrement, elle le fasse au moins se tenir sur ses deux jambes. «On ne pouvait prier plus magnanimement » dit Monsieur Baunard2. Selon lui Mgr Pie, ancien vicaire, est déjà "un grand théologien" ce qu'il n'a jamais été. Dans un de ses discours M. Baunard ne <mot illisible> pas moins de force ; mais plus d'art que dans une première conférence pourtant si pleine, si nerveuse, si belle, un article de dialectique convaincant, un article d' ordonnance symétrique et harmonieuse, un article d'éloquence pénétrante. Ai-je jamais été si laudatif mais jamais je n'ai été si agressif: ce sont à chaque instant des coups de pâtes contre vos amis et vos idées; l'agression contre "les libéraux catholiques" c'est une idée fixe chez Monseigneur Pie et ses histrions. Voilà la vérité mais on va accréditer la légende contraire. Je pense que sans discuter, sans alléguer nos doctrines, faire nos réserves ; en face de cette attaque que l'encyclique il est vrai met à néant, je ne crois pas que le silence absolu nous convienne. Aussitôt que commenceront les éloges, je crois que nous devrions faire nos réserves et même <mot illisible< mais ce n'est pas moi qui puis ici parler.

J'ai cependant refusé de me laisser mettre le bâillon à propos de l'encyclique et bien que je n'eusse pas, en traitant le sujet, il s'en faut, toute la liberté de ma parole, bien que je ne sois mis à la <mot illisible> pour <mot illisible> certaines paroles chimériques selon moi mais qu' on me signalait j'ai quelques raisons de croire que ce que j'ai dit n'a pas été inutile à nos causes. Je fais comme j'ai commencé en vous offrant de nouveau, cher et vénéré Monsieur le comte, tous mes vœux, tous mes respects, tout mon dévouement.

F. Lagrange

2Baunard, Louis (1828-1919), vicaire, puis chanoine de la cathédrale d’Orléans. Docteur en théologie, essayiste, il avait collaboré au Correspondant. Ultramontain et proche de Louis Veuillot, auteur d’une biographie sur le vicomte Armand de Melun, il venait d’écrire un ouvrage sur le cardinal Pie.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 janvier 1886», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1886,mis à jour le : 03/12/2023