1878 |
18 octobtre 1878
Amélie de Lamoricière à Alfred de Falloux
Le Chillon1, 18 octobre 1878
Monsieur, je ne peux me taire devant votre douleur qui est celle de tout cœur catholique pleurant son chef et son défenseur2.
À la perte publique s'ajoute pour vous, Monsieur, celle du plus précieux des amis aussi je veux vous apporter l'affectueux tribu de ma compassion.
Au milieu des tristesses de notre temps, Monseigneur d'Orléans n'a-t-il pas été le vaillant champion secourant les opprimés? C'est que sa grande parole a préparé ce mouvement, qui en 1860, portait à Rome cette protestation des cœurs dévoués consolant le Saint Siège, en dépit de ses échecs devant l'iniquité triomphante.
Plus que personne je sais combien Monseigneur d'Orléans savait glorifier les grandes choses avec son grand cœur! Il est mort sur la brèche luttant encore luttant toujours malgré son âge et ses souffrances et désormais il est secouru par les prières de la génération dont il a sauvé tant d'âmes et vivra dans le souvenir de celles qui viendront après nous.
Recevez, Monsieur, avec mes condoléances, l'assurance de ma très haute et bien affectueuse considération.
Amelie la Moriciere
Veuillez bien offrir mon respect à Madame de Caradeuc3 et assurer Loyde de mon amitié.
1Château appartenant aux Lamoricière, situé au Louroux-Béconnais, commune angevine proche du Bourg d'Iré.
2Mgr Dupanloup venait de mourir, le 11 octobre 1878.
3Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), mère de Marie de Falloux.
