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19 novembre 1871
Augustin Galitzin à Alfred de Falloux
19 novembre [1871]
Cher ami, je suis heureux de vous savoir plus près de moi et la main à une œuvre que je considère comme très importante. il me sera difficile de ne pas aller passer un dimanche avec vous! Voici en attendant ce que je puis vous répéter sur la barque Veuillot.
Mes <mot illisible> dans cette affaire vraiment sérieuse, ayant sa raison d'être et dont Sigismond de Mirepoix1 a accepté la présidence, ont voulu avoir le concours de l'Univers. Veuillot a déclaré devant moi ne pouvoir l'accorder sans en référer à un Monseigneur Delor2 chargé de la partie financière. Cet individu est immédiatement venue demander:
1° le fermage de toutes les annonces que l'on pouvait faire.
2° tous deux centimes et demi sur chaque valeur de 100 francs confiée au comité,
3° 1.000 à 1.500 actions libérées de 500 francs chaque de la banque chargée du service.
Ces propositions ayant été décliné, dès le lendemain a commencé une guerre vipérine dans l'Univers, dont le nom a plus peur que nous. Peut-être va-t-il se <mot illisible> avec cette Banque? C'est un véritable abysse que le cardinal Mathieu3, très franc du collier sur cette question, est d’avis de signaler et dont j'ai hâte de dire le fin mot à Monseigneur Dupanloup.
Pour notre évêque,4 je le crois inconvertible sur ce point, parce qu'il compte sur le <mot illisible> pour avoir un pallium sinon le chapeau.
On parle de l'arrivée du pape5 après l'avoir fortement démentie, la nonciature se borne à dire qu'elle n'en sais rien. Pour le mouvement politique, dans la masse il est impérialiste à l'extrême.
Nous venons d'avoir la visite de mon cousin de Perinelle, Mademoiselle de Faverney, qui vient de faire 9 mois de service auprès du comte de Chambord. Il nous a conté que Monseigneur n’admettait plus de discussion mais qu'il avait positivement des extases, qu'il écrivait et que le manifeste était le résultat d'une illumination. Ce pieux récit m'a fait lever les yeux vers le ciel mais me semble fait pour casser bras et jambes.
Vous me parlez d'Ortif6, je viens précisément de le voir. Il va à l'instant à Pg7 pour en revenir je crois ministre. On dit aussi qu'Apponyi8 remplacera Metternich9, à moins que Napoléon III ne rentre à l'Élysée ce qui n'est pas impossible. Il a pour lui les écuyers, les Prussiens et les lâches. C'est beaucoup!
Mon bavardage vous prouve du moins que vous tenez grande place dans mon existence.
Augustin Galitzin
1Sigismond, comte de Lévis-Mirepoix (1821-1886).
2Abbé Hippolytte Delor (1837-1885), proche de Louis Veuillot qui fut l’un de ses correspondants.
3Mgr Mathieu, Césaire Jacques Marie Adrien (1796-1875), reçu avocat en 1817, il avait choisi d'entrer au séminaire. Ordonné prêtre en 1822, il fut nommé curé de la Madeleine en 1831. Nommé évêque de Langres l'année suivante, il sera promu archevêque de Besançon en 1834. Gallican, proche de Mgr Dupanloup, il refusa d'adopter la liturgie romaine dans son diocèse et appartint à la minorité au Concile de 1870.
4Mgr Dupanloup.
6?
7Petersbourg ?
8Albert Apponyi (1846-1933), diplomate autrichien.
9Richard Klemens prince de Metternich-Winneburg (1829-1895), de la Maison de Metternich, était un diplomate autrichien. Il est le fils unique du chancelier d'État autrichien, Klemens Wenzel von Metternich et de la baronne Maria Antonia de Leykam épousée en secondes noces. Ambassadeur à Paris depuis 1895, il avait été rappelé à Vienne après la chute de Napoléon III.
