CECI n'est pas EXECUTE 25 février 1880

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25 février 1880

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

 

25 février 1880

Chère Madame,

Je voulais aller voir Madeleine1 et Biche2 hier autant pour Rochecotte que pour eux-mêmes mais j’en ai été empêché par le Sénat où je passe mes journées avec M.de Mun dans la tribune des anciens députés.

Demain, je dîne chez l’abbé Bernard3 avec le père Didon4, le père Chocarne et l’évêque de la Rochelle5. J’ai déjà vu et entendu le père Didon, tout le monde reconnaît qu’il se surveille beaucoup lui-même. Nous avons parlé du Gaulois auquel il est complètement étranger et d’un démenti que s’appliquerait à toute la presse sans exception. Nous en reparlerons demain.

J’ai été charmé du nonce6 qu’on m’avait annoncé très laid et que j’ai trouvé très joli. La princesse Wittgenstein7 revient loger dans le faubourg Saint-Germain, beaucoup plus près d’Albert de Rességuier que d’Elie de Gontaut8.

Au revoir prochain, j’espère.

A. de F.

 

P.S. Souvenirs respectueux et bien reconnaissants de M. Penaud9 pour le si bon accueil que lui a fait Rochecotte.

1Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; sa belle-fille, mariée le 3 avril 1866 avec Antoine de Castellane.

2Castellane, Stanislas de (1875-1959), dit « Biche », fils cadet de Madeleine de Castellane.

3Bernard Eugène (1833-1893).

4Didon Henri Louis Rémy (1840-1900), dominicain. Élève du petit séminaire, il avait pris l'habit dominicain dés 1856. Il avait été ordonné prêtre en 1862.

5Mgr Clément Villecourt (1787-1867), prélat. Ordonné prêtre en 1811, il fut nommé vicaire général à archidiocése de Sens, puis évêque de La Rochelle en 1838. Créé cardinal le 7 décembre 1855, il choisit quelques mois plus tard de résigner et d'aller résider à Rome.

6Mgr Czacki, Włodzimierz, (1835-1888). Nommé par Léon XIII à la nonciature de Paris, en 1879, il fut chargé d'appliquer la nouvelle politique du Saint-Siège et en particulier de convaincre les catholiques de ne plus lier leur intérêts à la cause royaliste et d'accepter les nouvelles institutions que la France s'était données. Considéré comme l'allié des catholiques libéraux, il n'était guère apprécié de Veuillot et de ses amis qui plaidaient auprès du Saint-Siège pour son remplacement. Secrétaire de la Congrégation des Études de 1875 à 1877, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires de 1877 à 1879, cardinal en 1882.

7Sayn-Wittgeinstein Karolina Elzbieta de (1819-1887), princesse d'origine ukrainienne, écrivain, elle était l'égérie de Franz List. Elle entretenait une relation épistolaire avec A. de Falloux.

8Gontaut-Biron, Élie de, vicomte (1817-1890), diplomate et homme politique. Il avait effectivement été un habitué du salon de Mme Swetchine. S'occupant d’œuvres charitables sous l'Empire, il était entré en politique après le 4 septembre, se faisant élire en 1871 représentant des Pyrénées Orientales. Siégeant à droite, il se fit inscrire aux réunions Colbert et des Réservoirs. En janvier 1876, il sera élu au Sénat dont il sera membre jusqu'en 1883. Entre temps, il avait été nommé par Thiers ambassadeur à Berlin, poste qu'il occupa du 4 janvier à sa démission en décembre 1877. Rentré dans la vie privée en 1882, il publia quelques articles remarqués dans le Correspondant, notamment (25 octobre 1889) contre l'alliance des monarchistes et des boulangistes.

9Secrétaire de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 février 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 05/01/2023